Un 200éme billet
Un dimanche matin d'un printemps bien timide. Le village est réveillé. Un petit vide-grenier. Un fils à la maison. Un petit restaurant hier soir dans la ville voisine, sur les bords de la rivière. Déjà quelques touristes, pourtant un peu déçus des semaines moroses. Mais on a envie de sortir et les terrasses sont pleines.
Un 200 éme billet et plus de deux ans de blogs. Un billet que j'ai envie de dédier à mes passants de tous bords. Les passants des rues de mon village. Margot ,croisée ce matin et la petite dame tout en gris et noir qui erre dans la ville depuis si longtemps. Je l'ai connu très forte et voilà maintenant qu'elle est d'une maigreur qui me fait peur. Ses cheveux blonds sont maintenant gris. Je ne sais pas grand chose d'elle : une petite maison à quelques dizaines de métres de la mienne. Une mère, une soeur, deux enfants vite partis. Je n'ai pas connu d'homme chez elle. On se croise; On se sourit. A mon "bonjour Madame " un sourire en retour un peu las et un gentil "Bonjour !" Un visage qui s'éclaire un court instant et elle reprend le cours de sa marche.
Ils sont nombreux mes passants, mes errants, des rues de mon village. Vu du ciel on doit ressembler à une petite fourmilliére parfois très animée, mais le plus souvent occupée par ces passants sans but. Ils se croisent. Ils ont leur rues. Ils ont leurs rites. J'aime à les rencontrer aux heures où le village est vide, les heures trop tôt, les heures trop tard. Depuis deux ans il y a eu aussi les errants de mon blogs, des mots croisés, rencontrés, des visages, des photos, des petits bouts d'histoire. Parfois ils disparaissent après un écrit qui les déçoit. On ne les voit plus. Parfois ils se matérialisent, ils donnent un petit signe, un clin d'oeil. On apparait en référence sur leurs pages...et puis on disparait. Parfois s'engage un vrai dialogue. le plus souvent on les effleure à peine comme les passants de mon village : deux souffles qui se croisent : deux rêves.
On raconte un peu de sa vie. On esquisse à peine. On plante le décor mais sans se livrer trop. Parfois à se livrer on perd l'équilibre. On se crée des liens, des envies, des partages de rêves.
A l'heure où le travail laisse un peu de place pour le repos, sans que la vraie fatigue ne s'installe, on part à leur rencontre derrière un clavier et un écran. On se raconte tel qu'on est, tel qu'on peut être, tel qu'on veut être. Parfois alors ils s'enfuient. Ils reviennent ou pas. La vie est ainsi faite.
200 moments où on a pris plaisir à livrer sa plume à un plus grand nombre que celui de l'échange unique. 200 billets où on a aimé être lu.
Un 200 éme billet où on a envie de dire merci de lire ces quelques lignes.
Ami lecteur fidèle ou de passage, je te souhaite un bon dimanche.