Bon Bout d'An
Il pourrait être triste ce samedi de décembre. Un ciel couvert et souvent de la pluie. Le froid qui reprend sa place. Dans les maisons qui se vident on se réhabitue peu à peu à des espaces désertés. Le temps semble suspendu entre deux fêtes. Quelques messages sur les téléphones nous tiennent au courant de l'éloignement qui se creuse. Heureusement le sommet du Ventoux blanc de neige vient éclairer un peu de ciel. On revient dans une nouvelle année et déjà ce sera demain et un autre demain et à nouveau le travail.
L'homme pourrait être triste si son coeur n'avait pas fait le plein de ces petits gestes, ces attentions, ces cadeaux reçus et ces cadeaux donnés. Il pourrait être triste si la semaine qui vient ne venait à son tour marquer une pause dans le flot du travail. Il pourrait être triste si à chaque pas on ne retrouvait le souvenir d'un moment délicieux et une présence qui flotte encore. On dira que c'était un "petit Noël" sans petits-enfants, entre adultes, peu nombreux. Sans le bruit du matin de Noël et l'attente impatiente des enfants. Mais heureusement on a gardé l'esprit d'enfance et chacun a attendu son cadeau avec cette délicieuse incertitude du doute. Et les cadeaux ont été là, marques d'amours supplémentaires si elles étaient nécessaires. Il se souvenait de son enfance et de ses Noëls plein de douceur et de bruits d'enfants aussi. Mais il n'avait pas connu cette longue et minutieuse préparation qu'il a appris avec Elle. Un long moment avant, de précautionneux préparatifs, des plats qui se préparent, la longue quête des cadeaux. Il lui a fallu du temps pour comprendre que cet accroissement d'attention aux autres n"enlevait rien à l'attente de l'Enfant-Dieu.
A l'autre bout du monde la magie du progrès lui permet de découvrir le bonheur des deux princesses et du petit chevalier à découvrir leurs cadeaux. Et puis il y a aussi les autres, les plus grands, un frère, une soeur et son mari et un couple de cousins rassemblés autour des trois petits de l'autre côté de la terre. Comme un comptoir de la famille quelque part à l'étranger. Et pour eux tous, il y aura quelques jours de voyage partagé à découvrir cette Chine encore bien mystérieuse.
Ici on est passé de six à trois en quelques jours et bientôt on ne sera plus que deux. Un peu de nostalgie nous habite mais semble n'étre là que pour fertiliser les instants futurs des retrouvailles. Il faudra remettre la maison en forme pour l'été. Chercher ce qu'on peut faire pour lui donner de l'attrait et la rendre encore plus confortable. Une maison de grand-parents, une maison à double vie, une maison qui se recroqueville pour mieux s'élargir à nouveau.
Heureusement, après tous ces départs, la vie n'est pas non plus un désert. On retrouve les amis à nouveau disponibles après les fêtes. On replonge dans ses activités. Cette année aura de nouveaux centres d'intêret. Si Dieu le veut, il plongera un peu plus dans la vie de son village, l'occasion de connaître encore plus de gens, encore plus de "santons", encore plus de vies et leurs richesses.
Cette année peut-être il laissera un peu de son travail pour un peu plus d'écriture ou tout simplement de repos. Le temps qui court change les équilibres et le travail qui nourrit, peu à peu, perdra la première place au profit de mille autres choses. Ce matin, le marché déserté en raison de la pluie lui a quand même donné quelques belles images et quelques beaux échanges. La Provence reste la Provence même quand il pleut.
Ce soir ce sera une soirée très calme et demain sera probablement aussi un temps de repos. Dans sa tête s'agitent de nombreux visages aimés. Le souvenir des anciens Noëls vient se frotter à ceux d'ajourd'hui et déjà on imagine ceux de demain. Et puis ces voeux qui s'échangent déjà et ces amis lointains qui se rappellent à notre souvenir ou qui répondent avec tendresse aux quelques mots et aux quelques photos envoyés à leur intention.
Et il y a cette envie qui s'est construite peu à peu au long de la journée de venir partager ces instants avec ses amis de la toile, d'autres amis au visage inconnus. Il ne sait pas combien ils sont mais il n'y en aurait qu'un seul qu'il donnerait envie d'avancer un peu plus loin et de lui raconter un peu son monde.
Alors ami lecteur maintenant que Noël est passé, que l'Espérance s'est bien remise en place, il faut que je te souhaite pour l'année qui vient, tout ce que toi-même tu peux souhaiter pour toi et pour les autres, et je te souhaite même ce que tu n'oses pas demander parce que ce serait folie. Profite de ce bout d'an, fête dignement ces beaux moments. Je te souhaite de tout mon coeur.
Et comme il sait que ceux qui, de près ou de loin, ont partagé avec lui tous ces moments de grâces lisent parfois aussi ces quelques lignes il veut leur rappeler combien il les aime et à quel point ils lui manquent déjà. Et il veut remercier encore plus fort celle qui, souvent dans l'ombre, est l'âme de tous ces moments et la grande préparatrice de ces instants précieux. On ne dira jamais assez dans un monde qui se dénature trop la douce complémentarité des rôles partagés dans la magie des fêtes.
Bon week-end.