La maison était gelée. Il avait fallu faire ce feu en arrivant. Et ce matin à l'heure où je vous écris l'âtre est encore plein de braises. Le mistral n'est pas tombé. Ce vent puissant qui gifle la Provence et qui nous rappelle qu'il faut être fort pour tenir debout. Un week-end de retraite nous a permis de connaître mieux cette grotte entre ciel et terre où vécut celle qui fut une si belle femme et une si grande sainte : Marie-Madeleine. Deux occasions de monter à la grotte où elle se retira ...entre deux mondes. Au-delà même de cette belle histoire qui fut la sienne on accède à cet endroit par de magnifiques sentiers dans cette forêt qui résume ce qu'autrefois fut notre belle Provence. Quatre couples d'amis mêlés à d'autre pèlerins, quelques dominicains savants, une belle causerie, des offices recueillis, une jolie manière de chanter les psaumes, des repas de cantine, le vent qui là-haut souffle encore plus fort et fait parler les arbres, des rires, des chants, des silences. Un passage au retour chez de gentils neveux qui construisent leur maison.
Puis les gestes rituels du dimanche soir qui annoncent une semaine de travail. Les coups de téléphone aux enfants.
Deux d'entre eux ont travaillé tout ce week-end de fête du travail. A l'heure où, sous couvert de cette "fête du travail" la France entière se repose. L'un, dans son service d'Urgences, a accueilli et guéri ceux qui souffrent; l'autre sans ménagement ni répit dans une usine obscure et arrêtée à oeuvré dans le froid avec son équipe pour remettre en marche une chaine de production arrêtée et fournir aux hommes qui y travaillent le labeur qui leur donnera leur pain quotidien. Ils en plaisantent entre eux,les deux frères, de ce: "week-end debout!" , c'est ce qu'ils s'écrivent en souriant.
On est bien loin des discussions sans fin de désœuvrés qui croient vivre un "autre mai 68" sans savoir qu'au mieux il sera aussi stérile que ne le fut le premier. Quelques profiteurs, quelques aigris, quelques rêveurs, quelques abusés, soigneusement entretenus dans un faux mouvement qui intéressent ceux qui en profitent, politiques et journalistes.
J'aime savoir que pendant ce même temps il en est qui vivent debout avec courage. Je pense aussi à mes amis moines qui se lèvent au milieu de la nuit, à l'heure où c'est le plus difficile pour prier.
C'est en pensant à eux, à tous ceux qui veulent, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs faiblesses et leurs courages, continuer à affirmer que l'homme est accompli lorsqu'il s'attache avec patience à son ouvrage quotidien.
C'est en pensant à eux que je vais me préparer et à ma petite mesure m'attacher à ce travail qui m'attend.
Bon courage aussi à toi, mon ami qui me lit.