Les hommes en noir…

J’étais petit garçon. Je partais en vacances avec mon frère et d’autres petits garçons dans une ferme du Morvan. Mon père décida de s’arrêter sur la route dans une abbaye bénédictine où nous déjeunâmes. Ces grands hommes en noir qui mangeaient en silence pendant qu’un lecteur lisait un texte recto-tono m’avaient plutôt effrayé.

Quelques années plus tard, jeune homme,  j’apprenais à connaître et à aimer la règle de Saint Benoît et cet ordre qui a construit une Europe médiévale apaisée. 

Ce matin j’accompagnais le prêtre de ma paroisse et mes petites catéchisées dans un monastère bénédictin pour les préparer à la première communion. Quatre moines entre 30 et 75 ans leur expliquèrent leur vie, leur vocation, leur liturgie latine, les joies du silence et les mystères de cette première communion qu’ils préparent.

Toutes les émotions de ma propre découverte de la spiritualité bénédictine me revinrent en mémoire dans une remarquable logique de transmission.

Il soufflait au pied du Ventoux un mistral si puissant qu’en deux jours le thermomètre a perdu presque dix degrés. En contrepartie le soleil et un ciel clair découpaient les beaux paysages du Ventoux et des Dentelles de Montmirail. Nous assistâmes à la fin de la messe et à l’office de none, de quoi apercevoir la beauté de ces offices en grégorien.

Il y a toujours dans ces escapades un côté intemporel qui nous détache du monde même pour quelques heures. Je ne sais pas ce qui restera dans la tête de ces jeunes enfants. J’étais tellement content que j’ai voulu fixer ce moment sur le papier et le partager avec toi, ami lecteur.

Si l’occasion se présente je te conseille de faire la même expérience. Je te souhaite une bonne nuit. Je t’embrasse.