Moleskine

L'homme prenait vraiment goût à l'écriture. Les idées lui venaient et puis disparaissaient. Il n'arrivait pas à les saisir assez vite. Il passait de plus en plus de temps à écrire, à lire les messages de ses amis ou leurs commentaires. Hélas il avait trop peu de temps et pendant ses journées de travail, il lui était trop dur de noter ses idées. Dans son ancienne vie, vie de vanités et d'apparences, l'ordinateur était un compagnon fidèle, toujours sur son bureau. Aujourd'hui c'est différent, les outils ont remplacé les instruments du bureau et le plâtre qui prend ou le ciment qui sèche ne laisse guère la place à l'écriture.

Un jour il lui en parla. Il serait bien qu'il ait un ami, toujours avec lui, qui supporte la vie rude du chantier et lui permette de noter ses idées.

Et puis il fêtèrent un anniversaire. Un petit cadeau : le petit carnet de moleskine dans un bel écrin. Le même petit carnet qu'eurent autrefois les quelques écrivains de tous chemins, le même qu'on les artisans pour calepiner leurs chantiers, un carnet de terrain. Miracle de la connaissance.

Il est là ce carnet. Les pages se remplissent de petits signes. Des titres, des phrases, d'une écriture serrée et sans fioriture, d'une écriture de prisonnier de ses journées qui attend le soir ou la nuit pour coucher ses sentiments...sur le clavier et les lire à l'écran. Des histoires aussi prévues pour deux petites fées trop loin, de l'autre côté de l'Atlantique mais ce sont les plus dures à écrire tant l'enjeu est important.  Il y aura des animaux qui parlent entre eux et qui parlent aux hommes et qui voyagent et  qui seront porteurs de messages d'amour. Puis quelques petits billets qui s'ébauchent. Des gens, des paysages, des histoires de rien, de gens de peu. Des histoires de terres, de travail, de vie. Des vies de rien qui le réjouissent et qu'il aime à partager.

Ainsi il gardera le temps de lire les commentaires des autres, un par un, avec bonheur. Il apprendra à mieux connaître ses amis de passage. Il ira chez eux et parfois même il découvrira le nom de son blog chez eux et il s'en voudra de son ingratitude. Il verra leurs photos, leurs dessins et il se dira que son site est bien gris.

Alors il courra le monde pour y trouver de nouvelles couleurs, il essaiera de quelques mots de partager ses trouvailles et comme il n'a pas le temps de réponde à chacun d'entre ceux qui lui écrivent, il leur dit à tous combien c'est important pour lui de les retrouver.

Maintenant, il peut préparer sur son petit moleskine, les mots de demain et il vous souhaite une très bonne nuit et une douce journée de demain.

Comments

[Mrrn]

Ne pas oublier ce billet étincelle à l'origine de tout.Le relire. Pleurer.Et s'en vouloir d'éprouver le manque à en crier.

[cookloubabette]

Ici, deux carnets: un pour écrire, un pour dessiner. Deux compagnons de chaque instant, qui rejoignent, une fois terminé, leurs nombreux camarades qui quelquefois font leur sortie et se laissent même feuilleter, non par nostalgie, mais juste pour le plaisir de relire. Et vous verrez, ce n'est pas mal non plus... Bonne semaine M Jacques!

[helene]

Vous avez cette façon de saisir les instants des uns et des autres , vous êtes rassurant Mr Jacques ! Bon dimanche !

[belette]

Nous n'avons pas besoin de photo. il faut juste fermer les yeux et faire travailler notre imagination. Un peu comme les livres, lorsqu'on les transforme en films, on est souvent déçu parce que notre imaginaire en avait décidé autrement. ne changez rien Jacques. Peut être une newsletter pour nous informer de vos billets ?

[delphine]

Ce petit carnet de moleskine, je l'ai offert il y a quelques années à un ami écrivain. Je ne sais s'il en a noirci toutes les pages.
Jacques, nul besoin de photos, vos mots colorent nos journées de ces petits riens que vous savez si bien transformer en grandes choses. Bonne soirée; profitez bien de ces quelques heures de repos et de création, et j'espère qu'il profitera encore longtemps de cette nouvelle vie qui semble si bien lui convenir.