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et pourquoi ne pas le dire ?
12 mars 2012

Un choix difficile

Mon cher Jacques,

 

J'aurais aimé répondre positivement à ta sollicitation : te faire une belle fable pour illustrer la situation qui est aujourd'hui la votre dans notre beau pays de France. Mais, à l'endroit où je suis, on ne peut pas faire de telles choses sans demander une autorisation. Et elle n'est pas venue. "Tu ne peux, m'a t-on dit, ajouter encore un peu plus à la confusion. L'époque est trop difficile. On connaît ton humour et ton art de démonter toutes les mécaniques de l'âme humaine. Tes vers sont trop précis pour ne pas laisser là quelques dégâts importants. Et l'édifice est trop fragile. " Et, à cet endroit, de l'autre bout du temps, il faut savoir que les conseils sont toujours de bons conseils. Pourtant j'avais déjà choisi les décors : d'un côté un élevage de poules et de poulets, gavés pour leurs oeufs et leur chair et destinés à la ponte ou à l'abbatage. Esclaves encore trop nourris pour chercher à retrouver leur liberté. Surveillant ceux-ci une bande de rats, assoiffés de pouvoirs et de richesse, essayant de s'emparer de cet empire. Il y en avait plusieurs : l'un  trop petit, blessé, devenu ridicule, qui ne se distinguait parce qu'à ce jour encore les autres lui donnaient du "Messire" pour mieux l'assassiner. Un autre, gonflé d'orgueil, qui se donnait des airs d'importance et qui ne devait sa place qu'a un premier combat avec quelques autres ratons et ratonnes qui, avaient fini par le coopter. C'étaient les principaux. Un autre qui naviguait de l'un à l'autre, tantôt "oui", tantôt "non" semblait à l'infini chercher où était sa place. Deux plus teigneux, un mâle et une femelle se disputaient la place du plus sonore du plus outrecuidant. Et quelques autres encore, pantins et pantines ridicules. J'avais déjà imaginé quelques scènes et prévu même le dénouement.

Il ne me restait plus qu'à mettre en vers quelques jolies situations, faire référence à des scènes venues du plus profond de la mythologie ou de cette belle culture de cette Europe que j'aime. La fin même était prévue. Chacun était perdant et Goupil, qui surveillait la scène, s'emparait en riant du poulailler entier devant le nez de ces rats prétentieux.

Je ne peux donc l'écrire, mon ami, et ça me peine. Le moment est trop délicat. Oui, je sais, tes lecteurs à toi sont gens de goût et de valeur et ils auraient pu jouir de ces vers sans perdre leur propre choix ni leur libre arbitre. Que veux-tu mon ami...il en est ainsi. Tu n'auras pas de fable. Peut-être l'un de tes amis, plus adroit que toi aux vers pourrait prendre ces quelques idées, les versifier avec talent et les remettre sous son nom sur ses propres pages. Je ne lui en voudrais pas : quand l'idée est là, le premier qui la prend devient aussitôt son vrai propriétaire.

Voilà, je te laisse, mon ami avec ces réflexions. Sache prendre avec joie et philosophie les jours qui t'attendent. Ils seront peut-être pénibles et durs mais tu le sais, il suffit d'un rire d'enfant, d'un chant d'oiseau ou de la beauté tranquille d'une jolie femme pour que tout cela devienne, ma foi... très supportable. Voilà j'en ai fini et Je te souhaite une bonne nuit.

 

Ton ami Jean, le fabuliste.

 

Ps : Il me faut ajouter un mot à cette lettre pour vous dire à tous qui me lisez ce soir, et vous qui m'écrivez sans que je n'ai le temps de répondre, que j'aime vos mots, que j'aime vos regards sur les miens, que les uns et les autres sont des baumes dans les temps difficiles et des sourires de plus les jours de printemps comme celui qui s'annonçe (il sait qu'il va venir et il se fait prier). Vos mots et vos regards me sont utiles. Ils me donnent de la force ,et mieux ,de l'envie.

Je vous souhaite à mon tour une très bonne nuit.

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Commentaires
L
Vous venez Jacques on vous invite dans le grand jardin , il y a Germaine Marguerite Philomène , Hanz , Robert ... la vie est douce et belle ..
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C
Lu ceci en pensant à vos lignes, je ne résiste pas au plaisir de vous les faire partager: ""On vous a élevé jusqu'au ciel... pour avoir appauvri la France entière... Les ministres vous ont accoutumé à recevoir sans cesse des louages outrées qui vont jusqu'à l’idolâtrie et que vous auriez dû pour votre honneur rejeter avec indignation... Le peuple même qui vous a tant aimé commence à perdre l'amitié, la confiance et même le respect. Vous rapportez tout à vous comme si vous étiez le Dieu de la terre."<br /> <br /> Lettre de Fénelon à Louis XIV
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H
Peut être qu' un commentaire de plus permettra la parution d'un nouveau billet, qui sait ? Un peu de douceur dans ce monde brutal nous ferait du bien. <br /> <br /> A bon entendeur Jacques ;-)
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C
Un petit rayon de soleil printanier semblait venir de l'autre côté du Géant de Provence, et posait sa chaleur sur les pâles carreaux de mon bureau cet après midi. Et je me suis dit que vous deviez profiter vous aussi de ce ciel d'après la pluie, lavé et brillant.
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Z
Pris au mot, mais avec quelle grâce ... Vous m'avez ravie, cher Jacques, et vous aussi chère Célestine. Vie palpitante des échanges de talents ...
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et pourquoi ne pas le dire ?
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