Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
et pourquoi ne pas le dire ?
4 octobre 2012

Day off

C'était juste le mot qu'il avait trouvé comme titre : un mot en anglais. Pour une fois sa langue qu'il aimait tant lui faisait défaut. Il ne pouvait pas dire "jour de congé" tant l'idée était associée à un plaisir partagé, à une sorte de fête intime. Il ne pouvait pas non plus dire "jour de repos" car il savait que, chez lui, il n'arriverait pas vraiment à se reposer. C'était une sorte de jour entre deux, nécessaire pour pallier à l'inefficacité du moment. Il avait du mal à trouver le bon ryhtme de travail et quand on travaille pour soi chez les autres et qu'ils vous font confiance, mal travailler c'est un peu les voler, leur vendre une marchandise au dessus de son prix. Il avait besoin de ce jour. Il avait envie d'avoir un peu de temps, au moins quelques heures.

Dès le matin, après qu'elle fut partie, il se posa dans un canapé avec l'intention de lire, de retrouver un livre gros et passionnant sur un sujet qu'il adorait mais que ces derniers temps la fatigue lui faisait tomber des mains. La fatigue...ou simplement la lassitude.

Ce qui devait se passer arriva : il s'endormit au bout de quelques minutes et il se mit à rêver. Mais le rêve était cruel. Il était là, face à deux petits garçons qui lui ressemblaient et qui devaient avoir une dizaine d'années. L'un était craintif, maladroit, le regard entre rire et larmes : c'était lui avec son vrai caractère d'enfant. Rêveur, timoré, il avait du mal à appréhender le monde des autres, le monde tout court. Gaucher, il se sentait gauche, trop lourd, il avait le sentiment que les autres étaient tellement mieux que lui et tout en lui était crainte. Celui-ci lui disait :"abandonne ! repose-toi ! des années maintenant que tu galères à essayer de t'en sortir par tes mains depuis que ton vrai travail te fait défaut. Passe à autre chose tu n'es pas fait pour ça. Laisse-toi aller. Laisse toi porter. Tu sais que tu es bien dans le monde des rêves, retournes-y. Tu auras plein de satisfactions, plein de bonheurs, plein de plaisirs. "

L'autre petit garçon ressemblait au premier mais son regard était plus franc, plus assuré, plus courageux. Les mots qu'il disait ressemblaient aux mots que son père lui disait autrefois. "Prends sur toi. Garde courage. Essaie de trouver sous cette gangue de faiblesse qui semble t'étouffer les qualités que tu renfermes. Chaque homme a son paquetage de qualités. Fais un pas, puis un autre et tu verras vite que tu auras pu avancer. Peu importe la vitesse, ce qui compte c'est le mouvement. Alors, une fois tes quelques minutes de repos accordées, celles qui servent à reposer le corps, tu te lèveras et tu reprendras ton fardeau et tu marcheras...et tu seras joyeux et tu seras heureux."

Bien sûr que la vie, jour après jour, année après année avait su donner à ces mots des quantités de sens différents. Comme chaque homme il avait vécu le succès et l'abandon, la réussite et la défaite. Mais chacunes de ces étapes l'avaient aguerri. Il avait sous les yeux sa famille, sa femme qu'il aimait, ses enfants qui lui avaient donné tant de satisfactions, et maintenant ses deux petites princesses et un(e) troisième larron(ne?) qui attendait au chaud dans le ventre de sa maman de venir pointer son nez à son tour. il avait connu le bonheur du travail qu'on aime et, quand celui-ci lui avait fait défaut, les heures passées à bricoler, à travailler de ses mains pour le plaisir étaient devenues la source de son gagne-pain quotidien. Il regarda sa maison qu'il aimait. Il se dit qu'il faudrait qu'il s'occupe d'elle. Il regarda le jardin et se dit que s'il ne faisait pas quelque chose, ça allait devenir la jungle.

A ces pensées, il se leva. Il commença par dégager les roses fanées pour mettre en valeur les autres. Il nettoya les lauriers. Il tondit les pelouses puis les passa en revue en les ratissant pour voir chaque mauvaise herbe. Il dégagea les allées de graviers, nettoya et mit un peu d'ordre sous le hangar. Il cueillit quelques dernières grappes de raisins, sucrées par leur séjour prolongés sur la vigne. Il constata avec complicité les rapines des petits merles qui avaient profité de cette aubaine. Le moment venu, il s'était préparé un rapide repas mais ne s'était pas assis pour ne pas céder à la sieste

Mais pendant ce temps, l'autre petit garçon n'avait pas renoncé et le rêve s'installait aussi car il avait sa place comme dans tous les jours et dans toutes les heures de son travail. Le rêve qui lui faisait rencontrer des petites souris et des petits cochons rigolos. Le rêve qui lui faisait rencontrer les livres. Le rêve qui l'avait suivi depuis sa plus tendre enfance. Le rêve qui lui faisait voir le monde tel qu'il est, merveilleuse création d'un Dieu qu'il adorait. Et ces hommes et ces femmes qu'on lui disait qu'il lui fallait aimer. Tous sans exception, le rêve lui permettait de leur trouver à tous les qualités qui n'apparaissaient pas au premier coup d'oeil. Il aurait eu envie de remercier ses parents, l'un de ses mots, l'autre de ses gestes. Il était trop tard. S'il entendaient c'est qu'ils étaient arrivés à destination...Il avait envie de remercier tous ceux qui l'avaient aidé à grandir, à se construire.

Et le soir arriva. La journée était terminée. il se coucherait tôt et referait des forces. Demain serait un jour de travail nouveau. Il savait que son travail serait plus solide, que le rythme aurait repris. Vendredi serait un jour chargé d'émotions. il fallait s'y préparer. Puis suivrait un long week-end...presque des vacances.

Assez parlé l'ami. Maintenant repars au travail ! Bonne journée.

Et bonne journée à vous, mes amis, qui me faites la charité de me lire et me donner la satisfaction de vos commentaires et de vos mots gentils. Eux aussi ils ont leur place dans l'équilibre de cette vieoù les mains doivent être forte le jour pour tenir l'outil et légère le soir pour tenir la plume.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Très bel écrit et réflexion profonde sur l'humain et ces parties qui l'habitent. L'ombre et la lumière, le rêve et la réalité, le positif et le négatif et l'équilibre à trouver en soi pour créer l'harmonie du paysage intérieur afin qu'apaisé, l'homme puise son bonheur dans l'instant présent. Bonne nuit et que vos rêves soient doux et porteurs pour un demain toujours à faire éclore!
Répondre
C
Jacques...que dire sur ce billet sinon qu'il est très émouvant? Les deux petits garçons qui sont en vous, notamment. J'y vois les conflits intérieurs de tout homme qui s'interroge sur le sens de la vie. On retrouve le canapé, le gros livre (saura-t-on un jour de quoi il parle, enfin?) un jardin automnal qui allume encore des feux dans le coeur de l'homme. J'aime bien le petit garçon du rêve, personnellement. Celui qui poussera l'homme à faire de grandes choses, comme marcher sur la lune. Celui qui efface la grisaille du quotidien, les doutes et les incertitudes. Celui qui donne aux mains leur force et leur légèreté. Bonne journée monsieur l'enchanteur.
Répondre
M
Cher Jacques , "ton vrai travail te fait défaut".Vous touchez du doigt ce que l'avis de tempête nous a apporté il y a peu .Mon mari vient de perdre son emploi et je trouve ici les mots réconfortants qui pourraient lui convenir , je vous remercie sincèrement de nous faire partager votre quotidien qu'il soit lourd ou léger à porter et je vous souhaite une agréable journée :-)
Répondre
et pourquoi ne pas le dire ?
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 240 429
Archives
Derniers commentaires
Publicité