Un soir d'été

Il a fait chaud, très chaud. Sous un soleil de plomb, le travail de l'après midi a été très pénible. Mais le soir est paisible. On entend juste le bruit d'une tablée qui prolonge son repas quelque part dans le village : des rires, surtout des rires. Un léger vent du sud a apporté vers nous le bruit du train, très lointain. Parfois ce bruit est présage de mauvais temps mais ce n'est pas le cas ce soir. On entend aussi d'autres bruits de voix. Les oiseaux ont chanté tard. Puis on a entendu un bruit dont on n'a pas su dire s'il s'agissait d'un oiseau ou d'une cigale. On a très rarement des cigales au milieu du village. Ce devait être un oiseau. Les derniers vols d'étourneaux. La nuit qui tombe et les chauves-souris qui les remplacent aussitôt de leurs vols saccadés, rapides, et  furtifs. 

On s'est installé dans les fauteuils sur la terrasse. On ne parle presque pas. On lit. On écoute. On écrit. Parfois l'un d'entre nous se lève pour faire un de ces gestes domestiques qui rythment la vie d'une maison. 

On parle de ce beau-frère malade, d'Erwan aussi, du mariage de samedi prochain. On ira loin. On partira tres tôt, avant le jour. On reviendra dimanche. Ils arrivent la semaine prochaine. Ce sera la fête. On les attend avec impatience nos deux petites princesses, notre preux chevalier et leur maman. Leur papa est déjà reparti travailler. Il reviendra plus tard. La maison toute entière attend leur arrivée. Comme par enchantement leur présence attirera plein d'autre, des enfants, des amis, des frères et sœurs, quelques neveux et nièces aussi. Il y aura beaucoup de spectacles. Des repas improvisés, inattendus. 

On entendra des bruits d'eaux, des jeux dans la piscine.

Même notre amie la petite merlette semble s'activer davantage à faire des provisions avec leur passage, leurs mouvements, leurs cris, leurs chants qui pour quelques jours éloigneront les oiseaux avant qu'ils ne comprennent qu'il s'agit d'amis.

On prépare quelques nouveautés, quelques surprises.

Le temps court. La vie passe délicieuse et rapide. Un soir d'été dans mon jardin de Provence.