Attente
C'est un cri d'oiseau un peu particulier qui l'avait réveillé ce matin. Inhabituel, comme agacé qu'il ne soit pas encore levé. Le petit oiseau semblait dire :"Comment ? Tu traînes encore au lit quand c'est aujourd'hui qu'ils arrivent ! Debout !". L'homme trouva que c'était un peu injuste, d'abord parce qu'il était encore tôt et que le jour se levait à peine, ensuite parce qu'ils n'arrétaient pas de se préparer à cette arrivée joyeuse. Il avait même dû laisser tomber des affaires importantes pour tout mettre en état. Il lui restait ce matin encore quelques petites choses à faire mais ce devrait normalement être assez vite expédié. Les trois derniers jours de la semaine seraient un peu "entre-deux". Elle travaillait et il lui non plus ne serait pas présent autant qu'il aurait aimé. Le temps serait donc encore un peu compté. "Il vaut mieux, se dit-il, qu'il en soit ainsi et que ces occupations rendent encore plus joyeux les moments passés ensemble. Ce temps bien occupé est gage d'une activité qui perdure et écarte l'ennui qui est bien la pire des choses."
Il se leva. Une fois qu'elle fut partie il se mit au travail pour terminer cette liste de petites choses à finir. L'arrivée de ces petits-enfants du bout du monde est aussi pour eux l'occasion d'utiliser des dons complémentaires pour des réalisations nouvelles (qui doivent rester encore des surprises jusqu'à leur arrivée ). Puis il se dit qu'il avait mérité d'écrire quelques lignes. Il s'installa devant son ordinateur. Dans sa tête défilaient de nombreuses images, la plupart du temps joyeuses, mais il voyait aussi défiler les images ceux dont il connaissait la peine ou la souffrance : on n'a jamais l'esprit parfaitement serein quand des amis souffrent. En pensant à eux, il fit très rapidement une prière mais très vite le bonheur de l'attente reprenait ses droits. "Et c'est tant mieux, se dit-il. La peine ne doit jamais empêcher de voir le bonheur qui entoure, de le vivre et de pouvoir le partager et le transmettre."
Les mots fusaient joyeux. Il avaient envie d'aller très vite du clavier jusqu'à l'écran, d'être lu et partagés.
L'image des deux jolies princesses, du petit chevalier et de leur maman lui apparaissaienten imagination dans tous les endroits de la maison, soit qu'il se souvint de situations anciennes, soit qu'il les imaginat demain faisant ceci ou bien cela. Il avait en tête les derniers échanges,ceux où on se dit une légitime impatience. Il y avait déjà quelques jours qu'ils étaient là. Ils étaient passés d'abord chez leurs autres grand-parents et avaient fait là leur première provision de bonheur. Ils avaient ensuite rejoint des cousins en Bretagne, une petite pause de fraîcheur entre la chaleur de leur pays lointain et la canicule qui les attend ici. Les premiers mots, les premières histoires de ces vacances, ls souvenirs qui se fabriquent pour toute une vie.
Le temps passait. Plus que quelques heures. L'attente derrière une porte d'aéroport. Les frimousses attendues, les embrassades, les premiers mots. Le retour en voiture. Peut-être que l'un ou l'autre, fatigué du voyage, s'endormira. Les autres parleront peut-être à moins qu'ils ne soient encore un peu intimidés après un trop long temps. Il parleront de leur Papa qui a du retourner au travail avant de revenir bientôt, de leurs amis au nom souvent étrngers, des langues qu'ils parlent, du désert, du soleil, des chameaux, de leur maison,....que sais-je ?
Et puis on goûtera. On attendra ensemble l'arrivée de Grand-Ma qui est l'âme de cette maison. Dès qu'elle sera là, ils reprendront pour elle ce qu'ils ont hâte de lui dire, de lui faire découvrir, de partager. Et passera le temps et tourneront les heures du bonheur qu'on fabrique.
Merci, ami lecteur, d'avoir partagé avec moi cette attente. Passe aussi une bonne journée.
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