Thé....

Je vous ai préparé le thé, ma mie, pour ce soir,  lorsque vous rentrerez du travail. Vous serez fatiguée car votre semaine a été difficile. Je sais que de toute la journée vous ne vous êtes pas un seul instant laisser aller à un mouvement d'humeur. Vous avez patiemment répondu à chacun, même les moins aimables. Et votre temps de pause à midi vous l'avez consacré à ceux que vous aimez.

Ma journée fut bien plus facile que la votre car je suis maintenant dans ce temps où travail et argent ne riment pas forcément. J'ai pu lire, rêver, travailler un peu, enlever au jardin quelques mauvaises herbes, écrire, lire encore et rêver à nouveau. J'ai toujours un peu mauvaise conscience à vous savoir au travail quand moi je ne fais rien, ou presque.

Alors, lorsque vous arriverez, j'aurais allumé un feu dans la cheminée, un de ces feux d'automne, de confort quand il ne fait pas encore assez froid pour qu'ils soient nécessaires. J'aurais dressé un plateau pour le thé. J'aurais choisi parmi les tasses celles que vous préférez en ce moment, un peu modernes et très grandes. Dans un petit pot de faïence blanche, un peu de lait. Je sais que c'est ainsi que vous l'aimez.  Un plateau de vieux bois que nous avons un jour déniché ensemble dans un vide-grenier. Sur le plateau un joli tissu de lin beige, car la théière fuit un peu.

J'ai fait chauffer l'eau. Il faudra moins de temps ainsi pour la réchauffer à votre approche. Je n'ai pas mis de biscuit car avec la venue de Noël nous avons décidé d'être un peu raisonnables.

J'ai choisi un de ces bons thés que vous savez si bien choisir. Tout est maintenant prêt sur la table de la cuisine. Il ne me restera plus, lorsque ce sera l'heure, qu'à éclairer la pièce sans fermer les volets car vous aimez découvrir votre maison " en lumière". J'entendrai lé portail de fer qui grince un peu et puis que l'on referme. Vous serez dans l'ombre et vous rentrerez par la porte de côté. Vous arriverez par la cuisine. Vous verrez le plateau. Vous y ajouterez une ou deux petites choses, car je ne suis qu'un homme bien imparfait. Je vous rejoindrai. Je réchaufferai l'eau et puis la mettrai dans la théière. 

Je vous retrouverai un peu plus tard au salon. Le vendredi soir vous rentrez toujours un peu plus tôt. Nous prendrons une tasse ensemble et je partirai à cette réunion dont je vous ai parlé.

Lorsque je reviendrai vous serez, j'espère, encore au salon. Je rajouterai du bois au feu. 

Nous commencerons notre week -end.

Ami , qui me lit avec patience, ne crois pas que je me vante, car ma vie est remplie de ces petits bonheurs quotidiens. Je t'en souhaite tout autant.

Comments

[zenondelle]

Une temporalité bien poétique, de celles qui éclaire avec grâce les heures du quotidien. On aime, décidément, cette écriture qui épouse l'instant sans jamais l'encombrer.

[Marie]

Bon week-end Jacques! Ici aussi, un feu de cheminée pour agrémenter la soirée...

[celestine T]

Le bonheur simple est celui qui fait rêver le plus...

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