Pensées autour d'un président (1)

Je m'étais fait violence pour m'imposer d'aller regarder ce que dirait cet homme. Dans un an, il faudra dans ma modeste part, le garder ou le changer. Je veux le faire avec sérieux car je dispose d'un peu plus de temps qu'avant.

L'homme est là, rond comme Raminagrobis avant de s'attaquer à une souris. Quatre ans de pouvoir ont eu raison de cette ligne retrouvée le temps d'une élection. Cet embonpoint qui s'impose avec le temps et malgré les efforts c'est un problème que je connais bien et ça me rendrait le "bonhomme" plutôt sympathique. Vêtu d'un sage costume bleu marine, on dirait un de ces bourgeois cossus qu'on pourrait trouver dans les réunions de famille, un cousin qu'on aurait perdu de vue parce qu'il ne vit plus comme nous....mais qu'on invite quand même parce que c'est un cousin.

Il a l'air un peu ballot et je me dis que, enfant, il a du souffrir du même syndrome que moi, être choisi le dernier par ses camarades pour composer une équipe de football. Pourtant ses études ont prouvé qu'il savait être intelligent, sa réussite politique qu'il savait manœuvrer avec talent. 

Donc l'homme est là, l'air un peu pitoyable de l'élève qui doit répondre d'un mauvais bulletin. Il paraît qu'il est volage mais je trouve qu'au théâtre on le verrait mieux dans le rôle du trompé que du trompeur. Si je ne le connaissais pas encore je serais même peut-être enclin à une certaine bienveillance. 

Il va devoir répondre à des questions de gens que le plus souvent il méprise, ou de ces journalistes-girouettes toujours prêts à trahir ou à flatter selon le moment. Et là, l'heure est à la trahison. 

Cet homme est mon ennemi. Non, bien sûr, pas à titre personnel. Il ne me connaît même pas. Il représente, il incarne même dans sa fonction, tous ceux qui veulent détruire tout ce que j'aime : la vie depuis la conception jusqu'à la mort, la famille qui n'est plus qu'un mot depuis ses lois scélérates, l'honnêteté, le travail. Tout ce que la nature aidée par une longue histoire des hommes a patiemment mis en place dans mon pays. 

Il a le plus grand mépris pour la religion autour de laquelle notre pays s'est construit et n'a de cesse de l'attaquer ou de la mépriser. Il est un de ces adeptes de l'adoration d'un rien, d'un dieu-laïcité, pour lequel il est prêt à tous les sacrifices. Donc cet homme ne me veut pas du bien. Il me veut du mal. Il est donc ...mon ennemi. 

Il me faut donc à nouveau faire appel à ma religion : tu aimeras même tes ennemis. Et puis à nouveau à ma raison : les aimer ne dispense pas de les combattre.

Au fur et à mesure que les minutes passent je suis de plus en plus triste et déçu. L'homme ne reconnaît aucune faille, aucune erreur sinon de manœuvres.  Reconnaître ses erreurs est  la seule façon de pouvoir progresser, avancer, s'améliorer. Au lieu de ça il ergote, il justifie, il explique. L'homme en costume bleu veut juste dire que de toutes façons il sera là jusqu'à la fin de son mandat et convaincre qu'il pourrait même continuer par la suite. 

Le reste ce ne sont que des mots qu'il manie avec talent. Il sait qu'il a devant lui un pays divisé et un peuple si facile à tromper qu'il pourra peut-être se représenter avec succès. Il lui suffira d'être un peu plus adroit, un peu plus trompeur que les autres, un peu plus tricheur à cette table où tous truquent leurs jeux.

J'écoute jusqu'à la fin. Je partirai me coucher triste si je ne pensais pas que la vraie vie est ailleurs, dans la vie des "vrais gens" cette autre monde que les politiques ne connaissent pas. 

Désolé, ami lecteur, de t' affliger ainsi un billet triste. C'est pourtant le printemps et le soleil du matin éclate déjà dans mon jardin. Le travail m'appelle. Je te laisse. Bonne journée.

Comments

[roxane]

Oui la vie des vrais gens est plus intéressante...les chagrins, les petites joies, les anniversaires...