Feuilles de platanes

Lorsque nous sommes partis à l'hôpital, j'étais un peu inquiet. La voiture donnait depuis quelques temps des signes évidents qu'elle allait nous abandonner à notre triste sort. Comme pour conjurer le risque de panne nous nous sommes mis à parler des feuilles de platanes qui commençaient à peine à s'ouvrir. Et tout s'est bien passé : quelques heures plus tard une petite fille était à côté de sa maman dans le petit bâtiment de la maternité, un peu à l'écart, de ce vieil hôpital. Autour du bâtiment une famille de gitans campait attendant bruyamment la naissance de l'un des siens. 

À chacune de mes visites je suivais le développement très rapide de ces feuilles de platanes. Cette année elles sont bien plus en avance. 

Quelques feuilles de platanes, un hôpital, une famille de gitans, et surtout une petite fille tout en sourire déjà dotée de cheveux. Tu étais née, notre petite Nanoukaïa tout en or. Tu étais notre numéro deux et je-ne-sais-quoi plus quel numéro dans la série de tous les petits et grands bonheurs de notre vie.

Aujourd'hui le bonheur de commencer ma journée en te voyant sur mon écran, déjà en train de travailler à un cadeau pour un autre bébé, toute dans l'attente de ton petit quatrième.

Bien sûr que dans la vie tout n'est pas toujours aussi lisse que ces bonheurs là. Il y a des pages plus rugueuses mais celles-ci lui donnent de si belles couleurs. 

Merci mon Dieu.

Bonne journée.