Crépuscule

La-bas, loin, dans les pays des sables, une petite fille lit avec soin ses trois petites histoires du jour. Elle lit en anglais, c'est la langue de son école. Elle s'applique avec soin et c'est délicieux que d'entendre cette petite voix qui apprend.

A l'autre bout de l'image sa grand-ma écoute avec attention. De temps en temps la petite fille présente les images du livre. Grand-ma ne comprend peut-être pas chacun des mots mais elle est enchantée de ces devoirs à distance. 

Car il est comme ça notre monde d'aujourd'hui : il peut nous offrir les meilleurs des choses grâce à ces technologies que beaucoup décrient souvent un peu trop vite.

Grand-père assiste à la leçon, en témoin, en visiteur. Il a pris un mauvais rhume en travaillant dehors sans trop se ménager. Une grosse toux, une vilaine migraine.

A l'autre bout de la terre , Papa est rentré du bureau. Ce soir c'est la fête. Il va acheter des pizzas et toute la famille les mangera devant un film. Demain c'est repos dans ce pays musulman. Dans quelques semaines, peut être quelques jours, une petite tête nouvelle viendra se rajouter sur l'image.  

Ici, le temps est maussade mais les jours défilent vite tant il y a à faire. Ce petit intermède délicieux vient bien à point. 

Grand-père a fait le tour du village pour aller voir quelques travaux et rêver à quelques belles choses. Il a croisé quelques anciens, échangé avec eux sur la vie, le temps qui passe. Des tuiles bougent à la toiture du boulodrome. Un trou dans la chaussée sur la place du village. Tiens ! Une barrière est abîmée. Il faudra remettre du gravier dans l'impasse. 

Car il fait que tu le saches, ami lecteur, grand-père vit sa vie dans un livre de lecture, un de ces livres anciens ou Pipo lisait et où papa fumait sa pipe ( Quand maman préparait le repas ). Tout ça c'était la vie. On ne pensait pas au machisme, ni au féminisme....on vivait...c'est tout.

Le village est silencieux à cette heure où ,dans les maisons, on se prépare au soir. Ce n'est plus tout à fait la même vie car le temps passe. 

Bientôt ce sera l'été. On pense aux travaux des écoles, aux fêtes, aux vacances. Le temps ici est un temps de toujours, loin de Paris, du gouvernement, de la loi du travail, de tout ce qui obstrue le passage de la vraie vie. 

Grand-père sourit à cette évocation. La petite fille est repartie. La liaison est coupée. Le cœur, lui, reste plein de ces présences. Il a oublié la toux, la migraine et tout ce qui fâche. Il sait qu'entre ces deux pays il y a des échanges d'ondes, de pensées, de prières, portées par de petits anges gardiens qui volètent en silence.

Alors, mon ami, arrête toi un instant. Ferme les yeux. Reste un peu dans le silence. Laisse ton esprit se remplir de ces images et de ces pensées.

Et sois heureux, c'est tout ce que je te souhaite.

Et que Dieu te bénisse.