Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
et pourquoi ne pas le dire ?
17 mai 2016

Au pied du Paradis

La maison s'appelle " La maison du bout du monde". Accrochée au dessus du torrent, c'est d'abord le bruit de l'eau qui habite l'endroit. Un jour un homme y accrocha sa maison. C'était une scierie. Il fallait bien une rivière pour couper tous le bois des montagnes qui entourent ces quelques maisons regroupées autour de l'église comme pour se réchauffer des hivers trop froids. Un petit canal détournait une partie de la source et conduisait l'eau à la turbine. Un trait de scie la vidait de toute son eau. Le temps qu'on manipule les lourdes grumes et un autre trait de scie était prêt dans le réservoir. C'est qu'il faut en débiter du bois pour ces lourdes charpentes, pour les greniers, pour les étables, pour les meubles. Par un jeu de poulies, un petit moulin dans un autre coin de la grande salle broie le blé noir qui pousse ici sur ces terres trop mauvaises pour le froment de la plaine.

Le village vit au rythme des saisons. L'hiver est rude. Le printemps voit ressortir les bêtes qui réchauffaient les étables et les maisons en attendant la fin du froid et des nuits trop courtes. L'été se passe dans les champs. C'est le moment des fêtes, des mariages et des enfants. L'hiver tout le village dort dans le froid et l'attente. On entend le cliquetis des chaînes dans les étables et le bruit des lourds sabots de bois remplis de paille des hommes ou les fers des bêtes de trait
Dans la maison, on ne chôme pas. Lorsqu'on ne coupe pas le bois, on répare les machines ou on construit des meubles.
Un jour vint l'électricité . La scierie quitta l'endroit pour un endroit plus adapté à la manipulation des bois et tellement mieux exposée au soleil. Le grand hangar perdit un peu de son sens. La scie ne coupa plus du bois que pour faire quelques meubles. Le moulin s'arrêta. 
Mais dans ces pays là on n'est pas sans ressources. L'endroit devint hôtel, l'annexe du restaurant,lui au cœur du village. L'été avec l'invention des congés, l'hôtel devenait pension de famille et se remplissait de vacanciers. Et puis un jour ce fut terminé. La maison resta vide d'activité. Les propriétaires y vécurent encore longtemps dans un espace plus réduit et plus confortable. 
Puis elle resta longtemps vide et déserte, trop souvent seule. Quelques meubles démontés portent encore témoignage de l'inventivité et du talent de ceux qui hantèrent ces lieux. 
Aujourd'hui la maison à retrouvé un sens. Elle est devenue "maison de famille" pour deux grand-parents attentifs au bonheur de leurs enfants et leurs petits enfants. Peu à peu chaque pièce retrouve un sens et la maison s'adapte à de nouveaux besoins. 
Car c'est le sort des maisons que de vivre, de décliner un peu pour mieux renaître. C'est la chanson que m'a conté la "mare". C'est la rivière qui passe sous la maison. 
Une "maison du bout du monde" au pied d'un sommet qui s'appelle "le paradis". Ça ne s'invente pas. 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Très joli texte
Répondre
et pourquoi ne pas le dire ?
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 241 015
Archives
Derniers commentaires
Publicité