La nuit....

La nuit protège de son ombre notre village silencieux. Je suis monté sur la terrasse d’où on voit mieux le ciel mais où, en regardant au Nord,  on peut voir le clocher de l’église éclairé.

Après avoir passé une soirée paisible devant le feu qui s’éteint maintenant, j’ai eu envie d’aller voir une dernière fois nos travaux.

J’en ai fait lentement le tour, réfléchissant dans le détail à nos projets et je suis là avec la nuit et le silence pour compagnon.

Je pense à tous ceux pour qui nous faisons cela. Nous les avons évoqués ce soir, puis ELLE est allée se préparer pour la nuit.

Je regarde le jardin. Au fond de la piscine quelques feuilles tombées lui donnent une allure de bassin d’hiver. Le vieux mûrier de chine a subi sa coupe annuelle mais on devine déjà les premiers bourgeons qui lui préparent son ombre bienfaisante de l’été. La guirlande qui éclaire le jardin lui donne des allures de fête finissante, quand les invités sont rentrés chez eux et qu’on a fini de ranger. Les vélos aussi attendent l’été et la remorque ne sert plus qu’à transporter les outils au jardin. J’ai hâte qu’elle retrouve son rôle et que de nouveaux petits-enfants viennent s’ajouter à nos quatre kiwis du bout du monde. Je fais le vœu que ça ne prenne pas beaucoup de temps. Déjà le jour on peut voir les crocus et une première jonquille s’est ouverte ce matin. Le tas de bois a beaucoup diminué mais il devrait permettre d’attendre la fin de l’hiver.

Je regarde. Il fait doux même si un vilain vent du sud a coloré le ciel d’ocre aujourd’hui. Je regarde longtemps et l’image s’anime.

Je vous vois, vous,  tous ceux que j’aime, vivants ou morts, aux places que vous avez occupé dans un moment quelconque de mon heureuse existence. J’entends vos rires. Je bois vos paroles. Je suis plein de tendresse à l’idée de votre présence.

J’en vois même qui ne sont jamais venus là, parce que c’était trop tôt, trop loin...ou pas encore.

Je vous fais visiter les travaux. Ils y a ceux qui félicitent, ceux qui regardent en silence, ceux qui se demandent pourquoi j’en ai tant parlé, ceux qui se moquent gentiment de mon enthousiasme, ceux qui constatent mes maladresses sans le dire, ceux qui auraient fait autrement...quoique.

Il y a même ce frère qui s’est fâché avec tous sans qu’on ne sache bien ni pourquoi ni comment et qui a juré ses grands dieux qu’il n’y mettrait jamais les pieds. Et c’est dommage. Jeune homme encore il fut un des premiers à m’apporter son aide.

Nous avons travaillé ensemble une longue matinée, continuant à faire tomber les anciens enduits et cherchant une solution pour éclairer l’escalier de la lumière du jour.  Mais après le déjeuner nous n’avons pas repris notre ouvrage, moi,  lui préférant un match de rugby à la télévision.

Et le soir est venu, le feu, le dîner, le jeu et le livre.....

Dimanche sera dimanche. Le travail est le plus souvent entre parenthèses. 

Bonne fin de week end et bonne semaine à tous.

Je vous embrasse.