Chartres sonne ! Chartres t’appelle !…

(Ce billet sera ma prière du matin.)

Car il y a très longtemps dans l’autre siècle, nous réveillions ce matin de Pentecôte, transis de froid et humides de rosée, pour assister à une messe matinale. Réveillés au son des trompes de chasses, nous étions les premiers à renouer avec une tradition des pèlerinages de masse. Notre siècle avait oublié cette forme de prière qui consiste à mettre ses pas dans ceux de ses anciens, à consacrer sa fatigue et ses ampoules aux pieds pour se renouveler.

Nous étions là quelques frères et sœurs (et un beau-frère aussi)et quelques amis. Nous avions décidé de participer à ce qui n’était encore qu’une aventure. Ce que nous ignorions c’est que cette aventure se répéterait chaque année et s’était un peu notre point de ralliement annuel. 

Chaque année, en ce matin de Pentecôte, je pense à ces pèlerins qui continuent (très nombreux cette année) cette belle aventure. Car c’était bien une aventure et ça le reste encore que de présenter au monde ces familles souvent nombreuses et joyeuses, qu’on aurait juste qualifié de « normales » lorsque j’étais enfant et qui sont devenus aujourd’hui une sorte « d’exception culturelle ».

Ils sont encore nombreux ceux de nos neveux qui continuent cette tradition. Nos petits-enfants rejoindront peut-être un jour ces cousins très nombreux. Je le souhaite.

Les « médias » parlent très peu de cet étrange rassemblement qui de Paris à Chartres, en trois jours, dans une joyeuse ambiance, souvent recueillie, usera ses semelles sur les chemins, avec une organisation impressionnante de milliers de bénévoles dont on ne parlera pas non plus.

Ces rendez-vous annuels ont grandement participé à la construction de nos familles. Il faut à chaque génération choisir ce qu’on conservera du passé, comment on le transformera aussi pour faire vivre, chacun à sa place, ce qu’on pense être une civilisation. Notre époque est plutôt hostile à ces traditions-là, entretenant à la place des inventions venues de l’esprit dérangé de quelques-uns. Ce n’est pas notre choix. Il est même de bon ton de le ridiculiser mais qu’importe !

Nous, nous pensons à eux et nous réjouissons de les savoir en marche ce matin.

En ce jour de Pentecôte, je pense à eux et il m’arrive même de rêver de les rejoindre pour quelques kilomètres d’actions de grâce, si mes jambes décident un jour de me le permettre à nouveau.

En attendant , ami lecteur, je te souhaite un Bon dimanche, un bon lundi aussi. Je t’embrasse.

Comments

[Myosotis]

Au fil des jours, je vous lis et j'apprécie ce petit moment avec vous... Ce matin plus beau que les autres, merci cher Mister Jacques pour ces mots qui évoquent tant de choses riches et profondes, mais dans une joie sincère !

Happy Pentecost day!