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et pourquoi ne pas le dire ?
26 mai 2017

Frères et soeurs,

En faisant défiler ce matin dans ma prière les visages de ceux que j'aime j'ai eu un moment de tristesse concernant ma fratrie. Nous sommes de nombreux frères et soeurs souvent éloignés. Beaucoup sont pourvus d'une nombreuse famille. Nous nous voyons peu, très peu, trop peu. Je crois que c'est dans l'ordre des choses que les familles se dispersent dans le temps et dans l'espace mais je trouve cela bien cruel. Il y a le poids des familles, la disparition des parents, les petites brouilles qui ont grandi au cours du temps, parfois simplement la négligence ou la paresse. 

Alors ce matin, je vais chercher au fond de ma mémoire ces moments du quotidien où nous étions ensemble à table.
On déjeunait où on dînait souvent tard. Ni la ponctualité, ni l'organisation n'étaient ils maitres mots dans notre maison. Il y régnait une certaine anarchie. La table était bruyante car notre père était sourd et que maman y était très peu présente, occupée le plus souvent à la cuisine. On parlait beaucoup. Le seul dont la parole était incontestée était Papa dont les paroles résonnaient comme des sentences. Nous avions entre nous complicité ou disputes selon les moments. Nous étions souvent des associés discrets lorsqu'il s'agissait de faire quelque bêtise. On riait beaucoup aussi car une table pleine d'enfants est une belle occasion de joie. Certains aidaient. D'autres au contraire s'éclipsaient en silence. On restait à table pour le café des plus grands. Les fumeurs fumaient sans scrupule car nos parents montraient l'exemple. Suivant les périodes la télévision était au bout de la table et semblait présider au repas. A d'autres moments, bien au contraire elle était bannie ou...en panne.
Quand elle trônait, mon père (je rappelle qu'à l'epoque, il était sourd) s'asseyait à côté d'elle et regardait l'écran dans un miroir tout en nous surveillant. Il nous commentait le discours des intervenants lors des débats tout en nous surveillant du coin de l'œil.
C'était, autant qu'il m'en souvienne les seuls moments où nous étions tous ensemble. Ils avaient une grande importance dans notre vie. On y réglait nos problèmes. On commentait les décisions. Parfois on évoquait les résultats scolaires de l'un ( c'était en général lors d'une crise ou d'un problème). Maman intervenait toujours en la faveur de l'accusé. Papa était l'accusateur. Le jeu des autres consistait à détourner l'attention et à prouver que l'accusé était victime de l'injustice des professeurs ou des "pions". Nous savions que nos parents nous aimaient et qu'en bons "anars de droite", il n'était pas trop difficile de les rendre rebelles à l'ordre établi.
Ce matin d'été je ne vois pas venir de jour prévu pour un de ces rassemblements que nous avons parfois, simplement frères et sœurs et conjoints, où nous passons un ou deux jours ensemble. J'avoue que la perspective me manque.
Ma propre famille a des dimensions bien plus modestes et notre mode de vie est plus ordinaire mais j'aime que le repas soit ce moment qui nous rassemble longtemps. Je ne sais pas comment à leur tour nos enfants raconteront nos vies mais j'aimerais qu'ils se souviennent de ces moments avec autant de bonheur que moi en ce moment.
Je crois qu'aucun de mes frères et soeurs ne lit ma prose. J'aimerais pourtant mais "nul n'est prophète en son pays".
Mais s'il advient que l'un d'entre vous, amis lecteurs, en fréquente. Qu'il leur fasse passer ce message. "Vous me manquez. Il est temps que l'on se voit ailleurs que pour un mariage et avant qu'un enterrement ne précipite les choses."
Bonne journée.

 

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Commentaires
J
Beau texte comme d'habitude.<br /> <br /> Il n'y a plus de maison de famille, plus de parents, alors nous nous retrouvons pour une" cousinade" ts les 2 ans.<br /> <br /> Cette année ds le Morvan, ns ns retrouvons à 60 sur 98..<br /> <br /> Tellement éparpillés aux 4 coins d e la France et du Monde, les cousins germains ne se connaissent plus...<br /> <br /> Ces tablées familiales à 10/20 ou 40 me manquent...<br /> <br /> Merci Jaques ce nous faire parvenir des mot si justes, si tendres.<br /> <br /> @ bientôt ?
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