Endroits privilégiés....

Lorsqu’on a l’habitude de circuler à pied ou à bicyclette dans son village on lie des amitiés non seulement avec les autres promeneurs mais aussi avec les endroits et les animaux qui les hantent.

Aller à pied jusqu’à mon jardin potager est déjà en soi tout un programme. Quelques mètres en ville. Un peu de goudron et très vite un beau pavage de calcaire blond. Et c’est déjà le bord de la rivière. Tu traverses le gros mur des anciens remparts par un passage étroit et tu longes les berges. Quelques platanes, quelques mûriers et de grands saules pleureurs dispensent une ombre bienfaisante qui rafraichit l’onde.  Quelques mètres encore et tu rejoins la jolie passerelle posée sur l’eau comme un arc de parenthèse. Elle a été récemment rénovée et sert de passage à nombre de piétons et de cyclistes qui s’y croisent le plus souvent en échangeant quelques mots et quelques sourires. Tu continues encore et tu rejoins le grand stade. Malgré la crise il y a encore quelques footballeurs qu’if s’y essayent, dans de grands éclats de voix et de rires tandis que leurs familles les interpellent joyeusement. Tu passes devant le centre aéré, une jolie ferme domine un grand parc ombragé de quelques immenses platanes qui ont su résister aux outrages du temps ( et de cette maladie qui les décime chaque année). Tu longes le parc en laissant sur ta droite la caserne des pompiers aujourd’hui silencieuse et tu arrives aux jardins. 

Un jolie damier de parcelles où l’on s’active beaucoup en ces jours de printemps. Le gel a fait des dégâts mais il est encore temps de replanter pour les récoltes à venir. On attend de la pluie pour le semaine prochaine, une vraie aubaine pour nos jardiniers.

Nous y allâmes après le déjeuner et une sieste réparatrice, juste pour prendre une mesure et préparer des aménagements....Un voyage d’agrément.

Ces parcelles sont apaisantes où l’on croise d’autres jardiniers avec qui on prend un vrai plaisir à échanger quelques mots, à recevoir quelques conseils. Il reste dans cet endroit une atmosphère égalitaire, chacun a le même nombre de mètres carrés et le même quart de cabane pour entreposer ses outils. Ce qui fera la différence de récolte ce sont les choix de plantations, le travail, l’arrosage...et la chance bien souvent. 

Cet aller-retour est apaisant. Il vient à point pour dissiper un peu de ces ombres que la crise et l’actualité projettent sur notre quotidien. Il est promesse d’efforts, de récoltes aussi.

Nous allons de retour à la maison attendre ensemble l’heure du thé. Ce moment bienfaisant qui, tout autour du monde réunit les hommes autour d’une table et d’une vapeur réconfortante.

Nous parlerons de la semaine à venir, de ceux qu’on aime et qui sont loin, des travaux que l’on a envie d’entreprendre et de ceux qu’il nous faut terminer.

Et lorsque le soir arrivera doucement en ces périodes, il nous surprendra a quelque activité. A moins que nous ayons repris le livre interrompu pour la sieste.

Il en est ainsi de nos jours. Riches de mille petites choses. Que restera-t-il de nous dans quelques siècles ? Peut-être la reconnaissance d’un jardinier qui aura repris ce bout de jardin après tant d’autre et qui se demandera bien pourquoi la terre est si légère et si facile à travailler à cet endroit.

 Des générations de jardiniers après nous auront débarrassé  ce terrain des vilains bout de plastique, de ces pesticides assassins et de ces engrais si trompeurs qui firent un jour croire à des hommes que l’on pouvait tirer la moëlle de la terre sans même l’aimer. Une parenthèse d’un siècle... ou deux peut-être mais ils se diront que la raison a finit par l’emporter et que la terre généreuse s’est reconstituée.

C’est tout ce que je souhaite, ami lecteur, en ce dimanche qui se termine.

Je t’embrasse et je te souhaite une bonne semaine.

Comments

[Brigitte]

Une bien agréable promenade pour une vie saine et sereine, joliment écrite!

[Célestine]

Quel joli billet ! Vous me faites penser à « la vie en relief » un excellent livre de Philippe Delerm, que je vous conseille.

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